Une bande de jeunes bourrés de talent, une façon nouvelle de voir les choses, beaucoup de recherche musicale et une grande dose de second degré sont les secrets de cette formation inclassable dans la scène musicale tunisienne.
« The Ursula Minor » se compose de Sami Aloulou au chant, Omar Aloulou à la basse, Ali Aloulou à la guitare, du claviériste Elyes Farhat et du batteur Nefâa Allem. Depuis 2005, l’année de sa création, ce groupe ne cesse d’évoluer et de créer l’alternative dans une scène musicale tunisienne manquant parfois de nouveauté et de créativité.
En 2005, le groupe s’appelait « Ursa Minor » mais ayant remarqué qu’il existait plusieurs groupes du même nom, les membres décidèrent de le changer en « Ursula Minor » (hommage à Ursula Andress » puis de lui donner le nom qu’il a actuellement en ajoutant « The ».
En 4 ans, ils feront plusieurs représentations lors de concerts et festivals dont ceux de l’IHEC, de l’ESSTED, celui de Radio Tounesbledi au Menzah 6 ou encore lors du festival allemand « Fusion Festival » à Lärz en Juin 2008.
La première démo sera enregistrée en 2007 et durera 30 minutes. Intitulée « Andalib Sukut » c’est d’après Omar Aloulou le bassiste, le 1er volet d’une trilogie.
« Nous comptons enregistrer, prochainement, les 2 prochains volets en France. Le 1er est écrit, mais le deuxième est encore en cours. Ils dureront chacun dans les 15 minutes. » Ajoute Omar.
La musique jouée par « The Ursula Minor » est inclassable. Musicalement ces jeunes artistes sont influencés par plusieurs courants aussi différents les uns que les autres. Allant de « Nine inch nails » en passant par Mars Volta ou encore la musique psychédélique allemande ou encore la musique progressive des années 70, l’inspiration leur vient également des standards de la musique rock tel que Led Zeppelin ou encore du Jazz, de la pop, de la musique électronique mais aussi du hip hop et de Fairouz. Il est donc clair que pour le groupe aucune musique n’est « ingrate » mais au contraire, toutes les musiques sont une source d’influence ou d’inspiration pour leurs œuvres.
D’un autre coté, certaines personnes reprochent au groupe la complexité de leurs paroles. Samy Aloulou chante en français et dans un vocabulaire très recherché que certains taxent d’hermétique. Omar, co-auteur des paroles, assure que la complexité des paroles est voulue et que le but est d’intéresser un certain public. Fortement influencés par le courant surréaliste, Samy et Omar écrivent des histoires, à la base, simples mais qu’ils codent à leur manière.
« Nous essayons de faire de la musique intelligente, pas de purée commerciale » prône Omar.
L’un des autres reproches portés au groupe concerne leur présence sur scène. Contrairement à ce qu’il est habituel d’écouter comme reproches dans une scène locale ou les chanteurs sont absents sur scène, une partie du public reproche à Samy de trop en faire, de sur-jouer. Mais le fait est qu’Omar le bassiste affirme que le chanteur sur-joue sur scène. Il est donc clair qu’au sein du groupe il n’existe aucune langue de bois et aucun ménagement.
Du ménagement Omar n’en a pas non plus pour certains musiciens et pour le public. Il dénonce la malhonnêteté, le manque de sincérité, la superficialité et le culte de l’apparence de certains qui nuisent à la musique. Qu’ils soient sur, ou devant la scène, ces personnes ne font que rabaisser le niveau de la musique et, au lieu de motiver les autres, deviennent des boulets, surtout pour ceux qui tendent à avancer et à évoluer.
Ce dernier ajoute qu’il croit que « la sincérité mène à la vérité » et qu’il ne faut pas s’arrêter en cours de chemin ou ralentir pour plaire à certains.
Toute une philosophie régit ce groupe et sa musique ; celle de faire de la musique pour la musique, de l’art pour l’art et que prétendre être artiste n’est pas d’actualité car « le chemin est long pour devenir artiste ».
Il serait donc temps que les jeunes tunisiens, à l’instar des membres de « The Ursula Minor » comprennent que l’art n’est pas un commerce, qu’il n’est pas un moyen d’insertion sociale ou de prestige mais que l’art est noble et que lui enlever sa noblesse ne sera qu’une pierre de plus à l’édifice de la médiocrité.
Azyz.b
Photo : DISMALDEN